
Je regardais les étoiles le 24 décembre, et piquait les caramels du Père Noël.
A 5 ans, je n’étais pas pudique, j’avais peur de la mort, j’adorais les activités de l’école, je parlais très fort et tout le temps, je voulais être grande, et garçon, les filles sont nulles d’abord, je courais après Stéphane pour lui faire des bisous.
A 5 ans, j’ai tourné ma première pub – pour une banque-, j’embrassais une fausse maman en gros plan, et en sortant, dévalait allègrement 4 par 4 les marches de la banque au grand désespoir de ma mère (la vrai) qui m’avait expliqué 100 fois que je devais descendre marche par marche, doucement.
A 5 ans, je ne comprenais pas pourquoi ma maman pleurait tout le temps. Et moi je pleurnichais pour un rien. J’ai fait un rêve étrange où je me trouvais dans le néant, la planète bleue à mes côtés, et je m’en souviens encore.

Je faisais du roller dans le salon et pétais tous les vases marocains.
A 6 ans, j’étais une inconditionnelle des Tortues Ninja, et déjà cœur d’artichaut. Je construisais des cabanes et des abris, tous les jours, dans une maison qui finissait par ressembler à un chantier.
A 6 ans, j’envoyais chier ma mère, et voulait épouser mon papa.
A 7 ans, j’avais des A partout sauf en esprit d’équipe, je crois que j’insupportais beaucoup de monde, j’étais nulle en endurance, je vivais dans mes rêves et mes flashs imaginaires qui ne se transformaient jamais en réalité, je passais du temps à écouter, surtout les discussions qui ne me concernaient pas. J’en voulais à ma maîtresse de ne pas m’interroger alors que je levais tout le temps la main. Je m’entendais avec les plus petits, je passais mes récrés en maternelle à m’occuper des mômes qui ne savaient pas faire leurs lacets. Je soulevais les jupes des filles plus grandes à la récré et je les voyais partir en chialant…. Merde font chier ces connes c’était juste un jeu… de mecs ! Me faisait engueuler avec eux…Et c’était à mon tour de chialer.
A 7 ans, j’ai tourné ma deuxième pub- pour une assurance-, j’embrassais ma fausse maman n° 2 pour monter dans un bus aux marches trois fois trop grandes pour moi, encore et encore, jusqu'à ce que le taré de réalisateur soit satisfait.
A 7 ans, je gambadais dans la boue, au milieu des épices et des légumes, des bonnes et mauvaises odeurs, chipais des petits pois par-ci et les mangeais par-là, avant que mes parents s’en aperçoivent… Mes sens s’illuminaient et je m'imprégnais des odeurs, des couleurs, de la luminosité du Maroc… les souks, les poteries, les marchés du bled, Casablanca, c’était chez moi.